Objectifs généraux du Manifeste
Dans le contexte de l’élection présidentielle de 2022, j’ai rejoint une commission d’écriture d’un Manifeste Étudiant visant à :
1. Formaliser les préoccupations concrètes des étudiants.
2. Décrypter le vocabulaire politique utilisé pour formuler ces préoccupations.
3. Affirmer l’évidente nécessité d’appliquer des solutions politiques pour résoudre des préoccupations politiques
4. Inspirer la politisation des étudiants eux-mêmes, ainsi que du reste de la population sur les problématiques d’avenir spécifiques à la jeunesse.
Le Manifeste Étudiant
Nous avons choisi d’aborder 3 thèmes, 3 préoccupations majeures auxquelles font face la jeunesse :
1. L’éducation, de l’entrée à l’école jusqu’au sacro-saint « premier-emploi »
2. La (poly)culture « jeune », les politiques culturelles et le « vivre-ensemble »
3. La crise écologique, réalité tangible de l’urgence funeste à « changer l’avenir »
L’idée de ce manifeste intervient dans un contexte inédit d’angoisse et de désœuvrement : la pandémie de COVID-19.
Elle nous a laissé l’occasion de gamberger nos propres préoccupations concernant notre avenir, mais aussi révélé et exacerbé, avec une intensité inouïe, le sentiment palpable d’être la « génération sacrifiée » fondé sur une réalité tragique à la fois immédiate et lancinante : l’inégalité scolaire et la précarité étudiante, la désagrégation sociale et l’aliénation médiatique, la vulnérabilité sanitaire et la destruction écologique.
En tant que collectif étudiant, nous avons décidé de nous adresser avant tout aux étudiants.
Cependant, nous ne prétendons pas que les étudiants de l’enseignement supérieur représentent à eux-seuls la « jeunesse » (ils en représentent plus ou moins 50%), dont la définition fait d’ailleurs débat.
Il est néanmoins indéniable que « l’étudiant » n’est pas seulement le symbole de cette jeunesse, mais surtout son idéal.
Les « adultes » ont été particulièrement prompts à déplorer le « potentiel gâché » d’une génération apprenante, essentiellement, parfois seulement en ce qui concerne leurs propres enfants.
En revanche, on a beaucoup moins parlé du gâchis encore plus immense de tous ces jeunes qui ne sont pas ou plus étudiants, contraints d’abandonner dans la circonstance particulière du COVID-19, ou entraînés précocement par les difficultés de la vie, au mieux, à la précarité de l’emploi éternelle, au pire, au chômage intermittent de longue durée.
Car cette autre moitié de la jeunesse, tenue à l’écart de l’enseignement supérieur, subit doublement les angoisses et les difficultés de la jeunesse étudiante, et fait donc face à une pénurie politique encore plus importante.
Pénurie d’éducation, non pas nécessairement des connaissances académiques de l’université, mais de la formation professionnelle et citoyenne qui lui donnerait la qualification lui permettant d’être valorisée, épanouie, et pleinement utile dans ses métiers.
Pénurie de culture, faute des espaces de socialisation et liberté faisant partie intégrante de la vie étudiante, et à cause des politiques culturelles de la jeunesse discriminatoires qui sont à l’avantage quasi-exclusifs des étudiants (gratuité des musées, subventions associations culturelles étudiantes, tarifs voyages et culture étudiants, …)
Pénurie d’écologie, car elle accomplit bien souvent des métiers les plus destructeurs pour leur santé et/ou pour l’environnement, victimes en première ligne sans en être les premiers responsables.
Ainsi, nous ne cherchons pas à opposer aux « précaires de demain » les « précaires d’aujourd’hui », d’autant plus que presque la moitié des étudiants travaillent toute l’année en parallèle de leurs études, et nombreux sont ceux de la « jeunesse non-étudiante » à suivre une/des formation(s) professionnelle(s) et/ou à reprendre/commencer des études.
Nous ne cherchons pas à hiérarchiser les jeunes précaires, mais au contraire à rassembler la jeunesse pour lutter contre sa précarité, d’origine profondément systémique et politique.
Nous sommes une génération sacrifiée car, au-delà de nos différentes trajectoires sociales, et des inégalités qui en découlent nécessairement, c’est notre avenir qu’on met à contribution de la crise actuelle, en plus de le compromettre quotidiennement sous prétexte de crises qui semblent exister depuis bien avant que nous ne soyons nés, et dont il nous semble que l’on ne sortira jamais.
Éducation au rabais pour supporter la crise sanitaire et économique, les dépenses en éducation par étudiant stagnent, alors que les besoins en diplômes et en qualifications n’ont jamais été aussi importants, à cela s’ajoutant les difficultés de l’apprentissage et du travail en distanciel.
Culture mutilée par un libéralisme autoritaire et sécuritaire, qui désagrège les structures et les liens sociaux, pourrissant tout espoir de débat démocratique apaisé et de vivre-ensemble harmonieux, à cela s’ajoutant les confinements, couvre-feux et autres restrictions, qui nous empêchent de « profiter de notre jeunesse » culturellement et socialement charnière dans notre vie.
Écologie sacrifiée sur l’autel de la croissance et de la sur-consommation, détruisant et polluant les ressources et les environnements nécessaires à notre développement, notre bonheur et notre survie, l’urgence écologique étant aujourd’hui reléguée au « monde d’après-demain » par l’urgence sanitaire d’aujourd’hui, et l’urgence économique de demain.
Sur ces 3 enjeux, même si aujourd’hui ils ne nous affectent pas avec la même intensité, nous faisons tous partie de la génération sacrifiée : c’est nous qui auront à subir et à assumer, les lourdes conséquences d’une pénurie d’éducation dans une économie de la connaissance, d’une pénurie de culture dans une société conflictuelle, individualiste et sclérosée, d’une pénurie d’écologie sur une planète détruite et appauvrie, et pourtant toujours plus peuplée.
Si nous pouvons accepter certains sacrifices, pour nos parents, pour l’environnement, nous ne pouvons plus accepter que d’autres décident de faire de nous la « génération sacrifiée », sans que nous puissions participer à cette décision, et sans que nous ne soyons dédommagés ni soutenus à la mesure et à la hauteur du tribut que nous payons, et que nous allons payer.
Devrons-nous « sacrifier » les générations suivantes après avoir été « sacrifiés » par les générations précédentes ?
Appel à l’action
Dans ce contexte, pour exprimer le plus fidèlement et le plus largement ces préoccupations, nous recherchons votre aide :
1. En amont : Pour rédiger ce manifeste, nous souhaiterions interroger (par écrit, téléphone, rencontres, …) de jeunes étudiants/travailleurs/diplômés, sur leurs principales préoccupations sociales et politiques, pour tâcher de formaliser ces préoccupations, et proposer et/ou à nous renseigner sur des enquêtes scientifiques et des travaux journalistiques ayant étudié les préoccupations politiques spécifiques à la jeunesse, afin que notre propos soit aussi factuel et scientifique que possible.
2. En aval : Quand le manifeste sera publié, nous voulons le diffuser le plus largement possible auprès du public étudiant le plus divers et le plus large, ce qui ne pourra pas se faire sans le bouche-à-oreille et le volontarisme des étudiants et des associations étudiantes dans les différents établissement du supérieur, dans toutes les filières et partout en France !
Nous vous remercions grandement, si vous pouvez, par ce moyen, prendre en main le destin de la jeunesse et donc votre propre destin !
Pour participer à un des projets proposés, ou pour toute autre question sur le blog de l’Augure, envoyez un mail à laugure.critique@gmail.com.
Conclusion du projet
Nous sommes parvenus à rédiger notre Manifeste de la jeunesse, qui a été publié le 3 mars 2022.
Ma partie du Manifeste a été publiée sur l’Augure le 13 mai 2022 :
Vous pouvez retrouver le Manifeste dans son intégralité ici : https://drive.google.com/file/d/1aEuvUliRghAYXWyoBmWNdgJUEe0DWwwE/view?usp=sharing