Dans cet article, je parle « d’Auteurs » et « d’œuvres » au sens large, même s’il est vrai que, à dessein et par simplification, la figure de l’auteur est reliée à celle de l’écrivain-artiste.
Cependant tous les auteurs peuvent faire partie de ce collectif.
Ainsi, que vous soyez un artiste graphique, un vulgarisateur scientifique, un intellectuel d’actualité, ou tout autre type d’Auteur, il est possible de rejoindre ce collectif en tant qu’auteur d’œuvre(s).
Fonctionnalités du collectif-réseau « Augure-Archipel »
Avant de commencer ma présentation, il me semble important de vous suggérer les bénéfices, ainsi que les objectifs principaux que poursuit le collectif d’auteurs L’Augure-Archipel, pour vous faire comprendre sans détours, l’intérêt et l’opportunité immense qu’il représente, pour faire grandir vos projets d’auteurs, quel que soit l’avancée de ce projet.
Toutes les fonctionnalités de ce collectif reposent sur l’idée centrale qu’il existe un bénéfice mutuel, en tant qu’auteurs, à ce que d’autres auteurs réussissent, et à contribuer à la réussite de ces auteurs, pour enrichir ses propres œuvres.
En effet, souvent, il y a des idées connexes à nos œuvres, que nous voulons exprimer.
Or, tout aussi souvent, d’autres auteurs peuvent exprimer ces idées mieux que nous ne l’aurions fait nous-même.
Cette idée, on peut la résumer par ces mots d’Antoine de Saint-Exupéry, dont je démontrerai l’ambivalence et la pertinence lorsque j’aborderai le cœur de la philosophie de ce projet :
Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. Tu m’interroges comme l’on interroge le voyageur.
Chapitre VI, page 40, Lettre à un otage (1943) d’Antoine de Saint-Exupéry
Les fonctionnalités suggérées dans cet article sont non exhaustives, car les vertus de la coopération ont cette propriété magnifique de multiplier les usages et les pratiques permettant d’organiser et de créer.
Cependant, elles permettront de résumer la philosophie de ce collectif d’auteurs.
PRÉCISION IMPORTANTE :
Toutes les fonctionnalités ci-dessous ne sont en aucun cas des droits automatiques lorsque vous rejoignez le collectif.
In fine, tous les auteurs restent 100% maîtres de leurs œuvres et de leurs supports de diffusion et de communication, c’est ce qui garantit à tous son indépendance, et leur assure de faire de leur présence dans le collectif un pari gagnant.
Comme je le développerai à la fin de cet article, les auteurs construisent librement les coopérations au sein du collectif, en fonction de leurs besoins mutuels, et les projets se constituent essentiellement à partir des relations inter-personnelles ou multilatérales entre les membres.
Tout adhérent au Collectif d’auteurs pourra (➔ objectif que cela lui permet d’accomplir) :
1. Publier ses œuvres sur les supports de diffusion et de communication des autres membres du collectif. (pertinent pour se lancer lorsqu’on a l’habitude d’écrire essentiellement pour soi-même).
➔ Toucher un nouveau public et accroître sa visibilité
2. Publier les œuvres des autres sur vos propres supports de diffusion et de communication.
➔ Publier davantage et plus régulièrement du contenu plus diversifié à son public. (articles invités, référencement mutuel, parler de sujets connexes à notre propre Œuvre, …)
3. Produire des œuvres en commun (écriture collaborative, œuvre multi-support, œuvres connectées, débats croisés, …)
➔ Toucher un large public, en reliant les œuvres des différents auteurs grâce à des projets communs plus ou moins ponctuels.
4. Produire une Œuvre commune : L’Augure-Archipel
➔ En construisant un réseau et un environnement d’auteur structuré, cohérent, on peut augmenter son impact et sa capacité d’expression par le collectif, et ainsi soutenir et promouvoir de grandes causes.
5. Mutualiser les compétences et les espaces (médiatiser des projets, « interviewer » les autres membres sur leurs connaissances, partage de méthodes, conseils, …)
➔ Bénéficier de l’émulation de groupe pour développer des projets plus ambitieux à tout point de vue ET de minimiser les efforts pour tout ce qui ne concerne pas directement la création d’œuvres.
A première vue, toutes ces propositions semblent aussi ambitieuses qu’irréalisables, trop larges et trop engageantes pour la plupart des auteurs, et je m’inclus dans cette majorité.
Pourtant, je vais démontrer que, avec la bonne philosophie, de bons principes, une bonne méthode et une bonne organisation, il est non seulement souhaitable, mais aussi possible, d’accomplir tous ces objectifs.
Afin que, de cette structure complexe à élaborer, on puisse produire son œuvre en toute simplicité, à moindre contrainte et à pleine puissance !
L’Augure-Archipel :
L’utopie dans la dystopie
L’illustration en couverture est une représentation graphique de la nouvelle « So Phare Away » , publiée la première fois en 2007 écrite par Alain Damasio.
Cette illustration a été produite à l’occasion du spectacle sonore So Phare Away – Adaptation sonore multi-phonique http://www.sophareaway.fr/face-au-techno-cocon.
L’histoire de la nouvelle peut se résumer ainsi :
« Une cité de phares noyée par des marées d’asphalte où la lumière est un langage. »
4ème de couverture du recueil de nouvelles Aucun souvenir assez solide
J’en fait mention, car j’ai été puissamment inspiré par cette représentation de la Cité-Internet (➔ Ci-té-Inter-net, soit le lieu cadré des réseaux constitués entre les gens), un archipel de phares isolés les uns de les autres par des « marées d’asphaltes », et qui ne peuvent véritablement communiquer avec les autres phares, car le ciel est inondé, voire irradié de lumières.
Dans ce monde, tout le monde communique, mais tout le monde est seul.
Ce qu’on gagne en luminosité, surtout lorsqu’elle est trop concentrée en un point, on le perd en clarté.
Cependant, la plus grande menace est plus bas, elle est sur la Terre engloutie par la mer boueuse de pétroles et d’asphaltes — la ruine du monde — elle est sur la Mer devenue si menaçante, tumultueuse et incertaine, que plus aucun navire ne se risque à voguer d’un phare à l’autre, ces derniers étant de toute manière devenus incapables de les guider, leurs signaux engloutis dans la luminance totale, leur solidarité étouffée par l’angoisse des « abysses ténébreuses » ici-bas — la ruine de l’âme humaine.
Dans ce paysage à la fois hyper-connecté et hyper-désagrégé, les Augures sont fugitives et esseulées, les Archipels sont à la dérive et amalgamés.
Les Augures menacent de devenir filantes, et donc finir par brûler et se perdre dans la luminance totale de l’hyper-information, les Archipels risquent de devenir mouvantes, et donc finir par sombrer dans les obscurités de l’hyper-méconnaissance ( = fait de mal connaître plutôt que de ne pas connaître).
Pour renverser ce funeste mouvement, il faut, selon la définition stricte de « renverser », mettre le Haut en Bas, et le Bas en Haut.

Il faut donc que les Augures volent en Bas, au ras de la Mer et de la Terre, pour porter ses messages loin des indistinguables faisceaux de lumière qui les dispersent, et que les Archipels flottent en Haut, pour se reconnecter librement loin de la fange et la vase qui concassent les îles et engloutis les vaisseaux qui les relient.
Or, pour accomplir une telle pirouette salvatrice et nourricière, rétablissant la clarté et chassant l’opacité, quelles autres Œuvres, de plus occultement éclatantes, et de plus brillamment nébuleuses, que celles de l’Art et de la Science, qui, par la subversion de ses indépendances personnelles et l’institution de ses accointances collectives, se constitueraient en de multiples « Augures-Archipels » librement et puissamment relié.es ?
En définitive, cet « Augure-Archipel » est l’illustration, la métaphore philosophique, de ce que serait le Collectif d’Auteurs que je propose.
Il ne constitue cependant en rien le nom et l’âme définitive que prendrait un tel collectif, car son « ‘Archipelité » (càd le fait d’être un archipel d’îles), ne peut se définir par ma parole seule, ni le Clair-Obscur en être la seule expression.
Bien entendu, comme pour toute association de ce genre, la liberté n’est pas le désordre, et l’anarchie n’est pas l’anomie.
Dans la nature des choses sérieuses, l’adhésion au Collectif nécessite l’engagement, et la motivation (= volonté de faire quelque chose) ne peut aller sans la Volition (= l’acte et la manifestation concrète de cette volonté).
Comment mettre concrètement en place un tel Collectif d’Auteurs, quels en sont les principes, les fonctions, ainsi que les avantages et les solutions que l’on en tire, voilà ce que je vais tâcher de vous expliquer dans la suite de cet article.
La personnalité de l’auteur :
Solitaire ou Sociétaire ?
Dans bon nombre de mes écrits, dont celui-ci, je plébiscite la valeur supérieure de la coopération.
D’ailleurs, l’Augure aspire depuis ses débuts à devenir un blog coopératif, ou en tout cas, un blog qui, en produisant un discours résolument scientifique et politique, valorise la puissance de la collectivité.
Pourtant, l’Augure est un blog personnel, celui d’un auteur qui pense et qui vit.
A fortiori, comme l’exprime l’adage populaire, nous sommes tous les auteurs de nos propres vies :
Nous sommes les auteurs de nos pensées et de nos actes, et c’est cette conscience qui nous permet de nous définir comme une personne singulière.
Pourtant, celui qui se revendique comme auteur ne se contente pas d’être et de vivre en conscience.
Il s’affirme publiquement et éternellement comme l’auteur de son Œuvre.
Même quand l’auteur n’écrit « que pour lui », sans public, il reconnaît son œuvre comme la production exclusive de son être, et l’expression figée de son identité.
Si son œuvre venait un jour à être publiée et appropriée par un autre, il est évident que son auteur se sentira dépossédé de son identité, et qu’il réclamera l’œuvre de son nom.
Ainsi, ses œuvres sont l’expression visible et matérielle, par lesquelles les autres peuvent le reconnaître, et même l’identifier comme auteur.
Devenir auteur, c’est donc assumer être l’auteur de son œuvre, l’accepter comme un prolongement de son identité, et le revendiquer comme le produit exclusif de son libre arbitre.
L’œuvre est donc l’Intime Extériorisé de son auteur.
Nous tenons, dans cette définition, l’idéal de l’auteur comme personnalité créative ET comme puissance créatrice.
Ainsi, contrairement aux idées reçues, l’auteur n’est ni un narcissique qui ne produit que pour sa personne, ni un altruiste qui ne produit son œuvre que pour l’exposer à autrui.
L’auteur n’est pas un solitaire qui se produit en ermite indépendamment de la société, mais un sociétaire, qui produit son œuvre par la société et dans la société.
L’auteur n’est pas seulement une Île, c’est un monde dans un Archipel !
En amont, c’est bien par l’interprétation d’autres auteurs et par l’inspiration de l’œuvre collective qui lui est disponible, que l’auteur forge une œuvre qui lui est sienne.
Selon la philosophie matérialiste, c’est donc bien par l’environnement qui la produit que l’auteur peut produire son œuvre.
En aval, c’est bien la puissance culturelle de l’auteur sur les autres acteurs de la société, qui concrétise la valeur et l’existence singulière de l’œuvre de l’auteur.
Comme on peut l’expliquer par la philosophie de l’immatérialisme de Berkeley, l’œuvre n’existe pas sans qu’une conscience reconnaisse son existence, et plus grande est cette conscience, plus grande est cette existence.
La philosophie :
Un collectif d’auteurs reliés en Archipels
Ma motivation principale — en tant qu’auteur qui se revendique comme tel — à constituer un collectif d’auteurs, est de relier les îles de l’Archipel.
Plus philosophiquement, c’est rendre matériel les liens culturels immatériels qui relient les auteurs au monde, et le monde aux auteurs.
Créer un collectif d’auteurs, c’est constituer matériellement un environnement intellectuel « océanique » dans lequel les Voyageurs peuvent naviguer librement entre les îles, grâce à la conception des instruments de navigation permettant de naviguer dans l’Archipel.
Pour tout auteur, un tel collectif à une utilité fonctionnelle et opérationnelle évidente :
Au sein d’un environnement plus grand, plus divers et mieux structuré, tous les auteurs de l’Archipel auront potentiellement plus de visibilité et d’impact, tout en conservant son Île, la matrice et la tribune de son identité d’auteur, dans laquelle iel peut développer davantage son projet personnel d’auteur.
Ce collectif d’auteurs, cet Archipel, fonctionnerait comme un « réseau de puissances » dans lequel des philosophies et des sensibilités d’auteurs qui s’acceptent mutuellement au sein d’un même environnement, que chacun pourra utiliser comme un accélérateur et un tremplin de sa puissance d’auteur.
C’est donc pour tout auteur, le bénéfice de la force du nombre, tout en gardant la vertu de l’indépendance inter-personnelle.
En effet, la réussite égalitaire et méritocratique des individus-auteurs, au sein de ce collectif-auteur, est à cette condition fondamentale que l’identité de ce collectif ne se substitue à aucune des identités singulières et des intérêts particuliers des individus qui le constitue, mais au contraire l’augmente et l’anobli, selon la maxime populaire d’Antoine de Saint-Exupéry :
Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.
Antoine de Saint-Exupéry – Citation apocryphe
Cependant, cette maxime, généreuse et profitable même pour le plus parfait égoïste ne voyant que ses intérêts, est une citation apocryphe.
On peut ainsi la compléter, je dirais même l’augmenter, par la véritable expression d’Antoine de Saint-Exupéry, qui se rapproche beaucoup plus de l’esprit de l’Augure, et qui conviendra bien mieux à l’Auteur pour qui son Œuvre est un Intime Extériorisé, dont la vitalité et la puissance se mesure logiquement à l’externalité (càd l’effet extérieur) de son existence publique et matérielle sur le monde :
Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. Tu m’interroges comme l’on interroge le voyageur.
Chapitre VI, page 40, Lettre à un otage (1943) d’Antoine de Saint-Exupéry
Cette préférence n’est pas seulement du fait de ma sensibilité altruiste particulière, mais d’un raisonnement pragmatique sur lequel on peut tous se rejoindre.
En effet, si la différence des autres NOUS enrichit (« cf. « m’enrichis »), quel intérêt, quelle motivation avons-nous nous-même pour nourrir de notre différence nos « frères », si ce n’est en ayant la certitude absolue qu’il y aura réciprocité ?
En un sens, c’est ce que nous faisons toujours en tant qu’auteur, créer à partir de l’œuvre des autres, œuvres qu’on s’approprie et dont on se différencie par notre abstraction, telles des béquilles métaphysiques indispensables de l’auteur, qui nous éloignent néanmoins de l’idéal du libre-arbitre, et donc de notre existence d’auteur pleine et unique.
Cependant, à partir du moment que s’installe l’idée que nous ne serons jamais un parfait auteur, qu’est-ce qui empêche alors certains « auteurs » de se comporter en passager clandestin, et donc de profiter des différences des autres auteurs sans jamais avoir besoin lui-même de devenir auteur ?
Qu’est-ce qui empêche finalement celui qui veut être auteur, de lire au lieu d’écrire, de contempler au lieu d’œuvrer ?
C’est là, malheureusement, notre penchant naturel, si l’on pense d’abord comment l’autre va nous enrichir, avant de penser à comment nous allons enrichir l’autre, et même avant de penser comment nous allons nous enrichir nous-même.
A l’inverse, si votre différence, càd votre œuvre d’auteur, LES augmente (cf. « t’augmentes »), est-ce que cela vous découragera, ou au contraire nourrira votre motivation à continuer sur cette voie ?
Dans cet état d’esprit, même l’auteur qui accorde une plus grande valeur à l’intériorité (càd l’effet intérieur) de l’existence intime et immatérielle de son œuvre, saura que pour recevoir, il faut donner, parce que si l’on ne donne pas, on cesse d’être auteur soi-même et devenons auteurs par procuration.
Être auteur, rester auteur, devenir plus auteur, c’est là l’intérêt le plus naturel de l’auteur, qui convient à tous les auteurs, autant l’extériorisé que l’intériorisé.
Bien entendu, pour que cet état d’esprit nous apporte une puissance matérielle d’auteur, supérieure à la puissance immatérielle et inachevée qui consiste à rester auteur par procuration, autrement dit un non-auteur, nécessite une exigence consciente et volontaire de coopérer, et donc pas seulement une motivation d’auteur, mais bien une volition d’auteur.
Pour se faire, il faut accepter que les différentes réalités des œuvres ne se superposent pas pas plus qu’elles ne se concurrencent.
Car la réalité matérielle d’une œuvre ne réside ni dans sa production* ni dans sa diffusion** :
Elle ne se définit, ni par l’étendue « économique » de son contenu* — contenu qui est de toute façon minuscule dans l’étendue de toutes les œuvres du même domaine (aussi restreint que soit ce domaine d’ailleurs) — ni par la validation « sociale » de sa publicité** — publicité qui est de toute façon insignifiante car la validation de chaque individu se porte sur une multiplicité d’œuvres, et que ce qui est populaire immédiatement auprès d’une majorité ne l’est jamais autrement que par la pauvreté du sens commun qui amoindri l’œuvre de l’artiste.
Bien entendu, ces qualités sont utiles, voire nécessaires à l’Auteur qui veut que son Œuvre soit grande et réelle — et d’ailleurs, comme cela sera réaffirmé plus bas, il est évident que « l’Augure-Archipel » permet de renforcer ces qualités — cependant ces qualités ne sont pas suffisantes pour que la réalité matérielle de cette Œuvre, marque durablement les mémoires et percute authentiquement les esprits.
Pour le dire plus concrètement, pour son auteur — tant subjectivement qu’objectivement — la réalité de son œuvre n’est véritable que si elle marque durablement la mémoire collective ET qu’elle soit comprise exactement selon les intentions de son auteur, car si ces qualités sont absentes de notre œuvre, tout le monde comprend que l’auteur se sent inutile et incompris, et donc que la satisfaction d’avoir œuvré « pour lui » ou « pour la bonne cause », est une bien maigre consolation par rapport au fait que son œuvre n’aie trouvé personne à transformer durablement et/ou sans que cela ne se soit compris ni fait comme l’auteur le désire.
Ainsi la réalité matérielle et véritable d’une œuvre réside dans sa réalisation***, càd dans l’ampleur de la puissance de transformation totale et désirée de l’œuvre***, aussi bien la vôtre que celle des autres et du monde.
Bien entendu, il est possible et même courant que les œuvres ne produisent pas des effets conformes aux attentes de leurs auteurs, mais que pourtant les auteurs en soient satisfaits.
De la même façon qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, la réalité d’une œuvre dans l’infinité de ses itérations qui produisent des effets de transformation désirées (que ce soit initialement, ou après constatation des effets).
Chaque fois que l’œuvre se réalise, bien longtemps après qu’elle ait été initialement produite ou diffusée, elle (re)devient réalité.
Ainsi, en substance, grâce à leurs émulations mutuelles et renouvelées, les œuvres de « l’Augure-Archipel » se réalisent en des multi-réalités augmentées.
Par conséquent, la diversité de ses auteurs et de ses œuvres, constitue la force et la vitalité de cet « Augure-Archipel », où chacun pourra, et devra pousser à fond son œuvre, car c’est cette poly-culture intensive et inlassable qui capte et retient l’attention du lecteur, comme l’astronome amateur qui cherche les constellations dans le ciel.
Ce collectif d’auteurs permet donc de dépasser les limites de l’individualité du projet d’auteur par la dynamique esthétique du collectif.
La diversité des œuvres qui y cohabitent en augmente, pour ainsi dire, l’étendue et la densité.
La masse plurielle permet de briser le mur de l’immatérialité pour atteindre le plus grand et le plus lointain public.
Cette visibilité n’est pas médiatique au sens où l’on entend, ce n’est pas le bruit et la fureur solaire de la masse qui circule par la viralité contagieuse.
Elle est médiatique par le murmure et l’harmonie luisante des bribes et fragments qui circulent au sein d’un organisme vivant.
Le projet :
La libre-communauté
Collectif d’auteurs libres et solidaires : Un projet trop ambitieux ?
Sur le papier, « l’Augure-Archipel » semble être le paradis des auteurs, à la fois absolument libres et parfaitement solidaires les uns les autres.
Pourtant, ces axiomes pris comme tels, si absolus, semblent relever d’une exigence de volonté morale et intellectuelle telle que personne de « normalement constitué » ne puisse l’accomplir, et donc que ce projet serait au mieux un idéal que seuls ceux qui sont dans leur vie 100% auteur, aux dépends de tout le reste (famille, travail, amitiés, loisirs, distractions, …) pourrait atteindre.
Or, humains que nous sommes, on ne peut pas être tout le temps à fond, on a tous une vie en dehors de l’existence d’Auteur, et d’ailleurs, nous n’avons pas tous la volonté de constituer une grande œuvre, ni de faire d’Auteur sa principale profession.
En y réfléchissant un peu, on ne peut manquer cette vérité indéniable que nous commençons tous comme de petits auteurs avec de petites œuvres, modestes, très imparfaites et banales.
Pour cette raison, l’Augure-Archipel étant un Collectif d’auteurs en devenir, et non un collectif déjà installé, il est par définition hyper-favorable aux petits auteurs :
1. Historiquement, l’Augure-Archipel ne part de rien, si ce n’est de ce texte fondateur, d’un petit blog personnel qu’est l’Augure, et d’amis auteurs dont la plupart n’ont jamais publié indépendamment et en leur nom propre, en dehors de tout cadre institutionnel.
2. Philosophiquement, dépeignant une réalité où les archipels se désagrègent, et où les îles se noient, l’Augure-Archipel est un allume-feu des flammèches qui osent se porter aux nues du bout des lèvres, et d’embrasser l’orgueil d’être Auteur.
3. Pratiquement et de la façon la plus réaliste qui soit, aucun Auteur s’étant déjà pleinement réalisé, disposant déjà de la matière et de la notoriété de ses œuvres, ne rejoindra le collectif. Ils n’ont pas besoin de cela, ils ont déjà l’élan et la connexion qui en font des auteurs tant personnellement que collectivement accompli : l’Île a déjà émergé, l’Archipel existe déjà !
Pour toutes ces raisons, l’Augure-Archipel se destine à tous les petits auteurs-intermittents-débutants, qui pratiquent l’existence d’auteur en amateur : irrégulièrement, sur leur temps libre, sans autre récompense que la satisfaction personnelle, sans d’autre motivation que d’être auteur parmi tant d’autres choses.
Que vous œuvriez depuis des années sans jamais rien publier, ou que vous souhaitez vous lancer dans une aventure nouvelle sur des sujets qui vous passionnent, vous êtes le bienvenu dans « l’Augure-Archipel ».
Vous y êtes libre de vos ambitions, vous pouvez y produire et y publier juste une œuvre pour voir et être vu, ou bien venir pour porter plus loin vos velléités et désirs d’auteur.
Coopération et Valeurs : Comment assumer les autres et s’assumer avec les autres ?
A première vue, « l’Augure-Archipel » semble être un collectif sans barrières et sans règles, où tous ceux qui se revendiquent auteurs, quels que soit les intentions de leur œuvre, peuvent rejoindre.
S’il en était vraiment ainsi, nous aurions raison de nourrir la crainte légitime des abus de la liberté, notamment de la liberté des autres.
En effet, si vous avez un tant soit peu de sensibilité morale et déontologique, de valeurs politiques intransigeantes, ou encore une conception bien arrêtée de votre identité d’auteur et/ou de la « vérité scientifique » (sachant que la science est rigoureuse et rationnelle car réfutable), vous pouvez craindre que d’autres auteurs nuisent à votre cause et à votre œuvre.
En effet, comment coopérer avec des gens qui n’ont, ni les mêmes valeurs, ni la même sensibilité, ni les mêmes objectifs en tant qu’auteur ?
Cette interrogation menace l’existence même d’un tel collectif, car y participer, c’est toujours prendre le risque de se retrouver à cautionner et à enrichir ce que l’on déteste et que l’on combat, d’être discrédité par association dégradante, ou encore invisibiliser ou plonger dans la confusion son identité d’auteur, au sein d’un collectif qui, dans sa majorité, ne nous représente pas.
Quelles sont les différences que l’on peut accepter et tolérer pour enrichir le collectif, et, au contraire, quelles sont celles qui sont intolérables ?
Heureusement, nous avons une base commune : l’écriture.
En tant que littéraires, artistes, scientifiques, intellectuels, nous sommes probablement en bonne intelligence, ce qui nous permet, à travers ce texte, de parvenir à un consensus relatif, et à se mettre d’accord sur des valeurs communes.
Pour autant, est-ce suffisant ? Probablement pas.
Faut-il alors conditionner l’adhésion au collectif et au respect d’une charte de valeurs et de règles communes ?
Sûrement, mais ce n’est pas suffisant.
Qui nous garantit que cette charte et ces règles soient respectées ?
Combien de chartes associatives se contentent d’être des déclarations de principes sans rien changer de concret ?
Enfin, comment construire un collectif à la fois libre et égalitaire, sans en restreindre l’accès à quelques auteurs hyper-sensibilisés et hyper-engagés ?
En d’autres termes, comment « l’Augure-Archipel » peut, non pas seulement rassembler, mais également développer des auteurs, que leurs ambitions soient petites ou grandes ?
C’est pour résoudre ce problème que l’Augure-Archipel se revendique comme un collectif d’auteurs libertaires et démocratiques, avec tout ce que cela implique d’exigences libératoires.
Liberté, Égalité, Diversité : Comment construire un collectif harmonieux, performant et profitable pour tous ?
Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, nous craignons que l’abus de liberté au sein du collectif nous soit dommageable, pour la raison que d’autres membres du collectif seraient trop différents de nous.
En effet, on peut douter de bien des manières que la diversité, surtout en si grand nombre, soit une force.
Premièrement, car la valeur de l’œuvre d’un auteur se mesure de façon évidente à son unicité, c’est à dire, non seulement qu’elle soit unique en son genre, mais également qu’elle soit une et unie en son sein, càd dotée d’une identité cohérente et distincte des autres œuvres.
Une œuvre doit donc être unique, c’est à dire d’un seul tenant, différenciable et valorisée par sa différence, pour être reconnue à sa juste valeur.
De ce point de vue, un collectif d’auteurs archipelisé, par une trop grande diversité des contenus, peut finir par embrouiller et confondre son public, et donc parasiter et diluer l’individualité des œuvres des auteurs dans le collectif.
Deuxièmement, la valeur de l’œuvre d’un auteur se mesure de façon tout aussi évidente à son caractère méritoire, qui dépend de la reconnaissance de l’œuvre comme meilleure et supérieure, mais aussi, d’un point de vue plus culturel, la victoire des idées, pensées et sentiments, que l’auteur a voulu exprimer et transmettre dans son œuvre.
Cet enjeu soulève 2 problématiques importantes :
1. Comment construire une diversité dans laquelle les œuvres de tous les auteurs gardent leur unicité ?
Concrètement : Comment ne pas diluer les individualités d’auteur dans le collectif ? (car mettre en avant X revient à envoyer à l’arrière non-X)
2. Comment garantir une diversité juste dans laquelle chaque auteur garde le mérite de ses œuvres ?
Concrètement : Comment faire triompher toutes les œuvres au sein du collectif, sans que ce triomphe ne soit éclipsé par celui d’un autre antagoniste ? (car faire triompher X revient à faire échouer non-X)
Comme nous allons le voir ci-dessous, c’est par la Démocratie Libertaire, comme modèle d’organisation, que le collectif peut résoudre ces problématiques, et être à la fois performant et juste pour tous.
L’organisation :
La Démocratie Libertaire
La « tragédie des communs » :
Dans un collectif d’auteurs aussi ouvert, il est indéniable qu’il y a aura des auteurs plus ou moins prolifiques et travailleurs, et que tous ne nourrissent pas une égale ambition.
Le danger de tout projet collectif est l’absence ou la désagrégation de la solidarité.
Ainsi comment s’assurer qu’aucun passager clandestin, ne profite volontairement ou involontairement du travail des autres ?
En effet, la plupart des collectifs d’auteurs font à certains problèmes récurrents, dont voici quelques exemples.
1. L’inégalité d’audience : Du fait qu’un auteur a plus d’expérience et/ou une plus grosse audience que les autres, il se retrouve à s’occuper de publier les œuvres des autres membres du collectif sur ses réseaux, tandis que personne ne lui rend l’ascenseur, ou en tout cas jamais assez pour « rentabiliser » l’investissement de son temps et de ses compétences.
2. L’effet « société virtuelle » : Pour en avoir souvent fait l’expérience, les forums en ligne et autres espaces collectifs virtuels ont tendance à reproduire les inégalités et les dominations sociales, auxquelles s’ajoute les inégalités propres à la maîtrise des espaces virtuels (même chez les jeunes, cette connaissance n’est pas innée).
3. La « tragédie des communs » : Conséquence du point précédent, mais aussi à cause de l’univocité des lieux, des temps et des modes de réunion (Exemple : Seulement en virtuel, l’après-midi en week-end et et en discussion orale et collégiale) , il se créé très rapidement une hiérarchie communicationnelle très polarisée au sein des collectifs d’auteurs, avec d’une part la passivité de la « masse des occupés » et l’hyper-activité des « administrateurs dévoués ».
Dans cette situation, se sont non seulement toujours les mêmes qui contribuent et participent, mais également les seuls à véritablement profiter de l’émulation de groupe.
Pour surmonter ces difficultés, la Démocratie Libertaire me semble être le cadre qui permet à la fois l’indépendance et la solidarité, en un mot : l’Interdépendance.
Archipels d’Augures plutôt que l’Augure-Archipel
A cet instant, certains pourraient penser que « l’Augure-Archipel » que je vous ai présenté, est un archipel composé d’îles hétérogènes, mais dont la structure elle-même serait homogène.
Or, il n’en est rien, tant sur le plan libertaire que démocratique :
La conception libertaire de la liberté est la suivante : Toute une liberté qui par son exercice, restreint une liberté plus grande, n’est pas une liberté, mais une dé-liberté !
Ainsi, « l’Augure-Archipel » aspire à générer, non pas une liberté exogène qui viendrait de la structure qui s’impose aux membres du collectifs, mais au contraire une liberté endogène, qui prend naissance, non pas par l’Archipel, mais bien à l’intérieur des Îles, c’est-à-dire par les Augures !
Cela signifie que, au sein du collectif, chacun est libre d’œuvrer avec qui il souhaite, et n’est absolument pas tenu d’œuvrer avec tout le monde.
Or, cette dé-communion, cette asynchronisation, est absolument nécessaire pour réduire au maximum la charge mentale et de travail qui pourrait peser sur l’auteur du fait du collectif, afin de n’en retirer que les bénéfices essentiels à la création de l’œuvre.
Pour que ce collectif asynchrone, ou plutôt multi-synchrone, puisse exister en harmonie et en efficacité, il faut donc nécessairement accepter qu’il puisse exister plusieurs Archipels.
Il faut donc aussi accepter que construire des relations et des réseaux se fait sur le temps long, et se construisent avec stratégie et méthode.
Ce n’est qu’à ces conditions que le nombre fait la force, et que la puissance personnelle des œuvres peut s’épanouir pleinement dans le collectif.
Les auteurs doivent pourvoir construire librement les coopérations au sein du collectif, en fonction de leurs besoins mutuels, et de constituer leurs projets à partir des relations inter-personnelles ou multilatérales entre les membres.
Enfin, pour s’assurer que tout le monde soit bien tiré vers le haut, mais aussi, pour permettre à l’Augure-Archipel la haute évolution que permet la délibération collective, la démocratie doit être au cœur du fonctionnement, pour ainsi dire, institutionnel de l’Augure-Archipel.
Pour vivre en société au sein d’une association d’archipels, il n’est nul besoin d’être d’accord sur TOUTS les objectifs et trajectoires de vie que suppose l’existence d’auteur et la vocation de ses œuvres.
L’enjeu le plus important de cette démocratie, sera de sans cesse faire évoluer l’Augure-Archipel vers un fonctionnement meilleur, une plus grande liberté de puissance, pour les auteurs qui le constituent.
Ce terrain de la démocratie, bien que j’en ai la connaissance théorique par mon parcours universitaire, et la connaissance pratique par mon engagement politique, je ne peut le développer seul, c’est pourquoi je ne peux prétendre ici en énoncer les lois principales, sous peine de m’octroyer un pouvoir législatif voire constitutionnel, démocratiquement illégitime.
Des propositions, j’en ai beaucoup, et je serai ravi de les proposer et de les partager avec ceux qui me rejoindront dans cette aventure libertaire et démocratique.
Enfin, j’aimerai conclure sur ce qui fait toute la richesse du projet de l’Augure-Archipel :
Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. Tu m’interroges comme l’on interroge le voyageur.
Chapitre VI, page 40, Lettre à un otage (1943) d’Antoine de Saint-Exupéry
Cela signifie que, une fois que les conditions de la Démocratie Libertaire sont réunies, qu’il faut accepter la réussite des autres comme étant la sienne, et la promouvoir comme telle, tandis que les autres doivent avoir le soin de vous laisser réussir.
Car finalement, cette de la bienveillance et de la confiance respectées et honorées par les auteurs de l’Augure-Archipel, que dépendra la réussite de cette entreprise et de cette aventure.
Appel à l’action
Si le projet vous intéresse, je ne vous demande pas de rejoindre le collectif : il n’existe pas encore !
Comme annoncé en introduction, j’ai simplifié la figure de l’Auteur à celle de l’écrivain-artiste, car je suis conscient qu’il s’agira du profil le plus sensible à cet appel.
Je vous propose de participer à sa fondation !
Cependant, que vous soyez, en amateur ou non, plutôt artiste, journaliste, militant, scientifique, ou pourquoi pas un peu tout cela à la fois, ; quel que soit votre passion (poésie, politique, sciences naturelles, …), et votre moyen d’expression (littérature, dessin, musique, …) vous pouvez participer à l’aventure de l’Augure-Archipel !
Plus nous seront divers, plus le collectif sera ouvert, plus il pourra accomplir de grandes choses, en créant des complicités éditoriales, des réseaux de puissances et des synergies inédites, entre des domaines qui n’ont encore que trop peu l’habitude de coopérer.
Pour cela, je ne pose que 3 conditions :
- Envoyer une de vos œuvres (article, dessin, vidéo, …) que vous seriez prêt à publier (après modifications et uniquement quand vous le décidez, bien entendu)
- Avoir un projet d’auteur (même si c’est juste, par exemple, publier 1 ou 2 œuvres de façon ponctuelle sur un sujet précis), que vous présenterez lors d’un court entretien dans le format de votre choix (écrit, vocal, visioconférence, …) , et, comme nous sommes sur Internet, pouvant se faire de façon anonyme et sous pseudonyme)
- S’engager à ce que son œuvre aie une vocation sociale au sens large (sensibilisation, éducation, divertissement, …)
Pour participer à ce projet, ou pour toute autre question sur le projet ou sur le blog de l’Augure, envoyez un mail à laugure.critique@gmail.com.